
L'offre de soin
L’offre de soins au fenua a rapidement grandi depuis le début des années 2000, avec un renouveau des relations entre l’État et la Polynésie française en mars 2017, marqué par un accord pour le développement de la Polynésie française, dit « Accord de l’Élysée ». La venue du Président de la République en avril 2020 a été reportée sine die dans le contexte de l’infection COVID-19 survenue début 2020 ; elle permettrait, si elle revenait au goût du jour, de donner un coup de pouce à un projet qui est sur ses rails, porteur d’espoir et de réorganisation fonctionnelle du parcours du patient, qu’est la mise en place d’un Institut Polynésien du Cancer.
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La prise en charge actuelle du cancer en Polynésie s’avère à la fois hyper-centralisée, au sein du Centre Hospitalier du Taaone, dans une logique d’économie de moyens, et en même temps morcelée, du fait de la géographie régionale et de l’absence de coordination des moyens publics et privés existants.
La coordination des moyens humains et matériels est inscrite dans les programmes stratégiques pluriannuels ; elle manque cependant toujours sur le terrain.
La mise en place d’une coordination permettrait d’augmenter l’efficacité et surtout de favoriser une prise en charge rapide et précoce des patients et de leur maladie cancéreuse, en confiance avec les thérapeutes, et dans la continuité, notamment concernant le suivi.
Par ailleurs, il persiste un déficit d’intégration de la médecine occidentale à la médecine traditionnelle, générant de la part du patient polynésien et de sa famille une certaine méfiance : bien des patient(e)s viennent aux consultations, écoutant sagement les explications, puis repartent en remerciant le taote, se retournant ensuite exclusivement vers la médecine traditionnelle, souvent dans le secret et parfois dans la gêne voire la honte que le médecin ne l’apprenne, et ne revenant que beaucoup plus tard, lors du constat d’échec de ces traitements exclusifs, bien trop tard souvent pour envisager la curabilité. La notion de consensus océanien, proche d’une sorte de démocratie participative, doit également être comprise et intégrée dans le processus de prise en charge du cancer en Polynésie : la parole des uns et des autres s’exprime quant aux choix thérapeutiques à adopter, la décision se fait, devenant irrévocable. L’absence de stigmatisation, la mise à disposition de données claires et intelligibles d’accès aisé, la reformulation répétée des propositions doivent permettre au patient de faire ses choix avec plus de sérénité. Cette offre de soins doit donc s’adapter, évoluer, s’intégrer pour convaincre, et se renforcer afin de lutter efficacement contre un fléau qui nécessite une prise en charge multidisciplinaire. La coordination avec la métropole reste nécessaire du fait de la rapidité des innovations thérapeutiques et du délai pour leur transfert sur le fenua. Enfin les moyens restent encore très concentrés sur des sites de recours même si des efforts de délocalisation sont en cours et il faut pouvoir dans les années à venir, mettre à disposition des patients d’autres sites délocalisés, dans un cadre sécurisé.


